jeudi 15 avril 2010

L’un des sens


La semaine dernière, notre visite au restaurant L’un des sens, nouvellement ouvert avenue Laurier à Montréal, aura donné lieu à une expérience pour le moins surréaliste. Il s’agissait seulement de la deuxième soirée d’opération de ce resto et nous étions à la fois curieux de découvrir sa cuisine, mais prêts à passer l’éponge sur certaines imprécisions qui sont presque inévitables lors de l’ouverture d’un restaurant. Mais le hasard et Hydro-Québec (!) auront fait que cette soirée ne fut pas du tout comme les autres.

Nous avions donné rendez-vous à un couple d’amis. Lors de notre arrivée, à notre surprise, la salle est plongée dans la pénombre, éclairée seulement par des bougies. On nous explique que le restaurant, tout comme quelques commerces autour, subit des problèmes électriques, d’où l’éclairage très tamisé. Si tamisé en fait qu’on peine à lire le menu. Ce qui ajoute au bizarre de la situation, l’éclairage de la salle s’allume parfois, puis s’éteint, de façon intermittente. Au cours de la soirée, nous avons même droit à la visite d’un employé d’Hydro-Québec qui traverse la salle du restaurant en bleu de travail et casque sur la tête!

Nous prenons bien entendu le parti de nous amuser de la situation. Le personnel fait ce qu’il peut pour dérider l’atmosphère et, ma foi, à quoi servirait que nous nous énervions? On nous apporte gentiment des chandelles supplémentaires pour nous aider à y voir un peu mieux dans le menu et la carte des vins.

L’un des sens propose une cuisine moderne, quoique respectueuse d’un certain classicisme, une cuisine sans esbroufe, sans machin moléculaire ou nano-technologique. Ce restaurant a choisi de maximiser l’utilisation de produits locaux et de saison, ce qui se veut à la fois une stratégie économique, écologique et respectueuse du terroir. En ce début d’avril, il ne fallait donc pas s’étonner de retrouver dans l’assiette des légumes racines, par exemple cette purée de panais (un légume méconnu et négligé, à mon avis).

Compte-tenu des circonstances, nous ne pouvons que lever notre chapeau au chef et sa brigade. Malgré que la cuisine fut bel et bien plongée dans le noir une partie de la soirée, cela n’eût pas d’impact notable dans l’assiette. On n’a manifestement pas affaire ici à des amateurs!

En entrée, le pétoncle poêlé servi sur un ravioli farci aux maquereaux fait le bonheur de ma compagne. Le mi-cuit de saumon, ainsi que la mousse de lapin de Stanstead au Sortilège, laquelle est servie dans une verrine, sont aussi très appréciés. La tablée se régale. Ce souper à la chandelle augure très bien.

Pétoncle poêlé et ravioli farci aux maquereaux

Mi-cuit de saumon

Arrivent les plats. Le suprême de pintade farci à la duxelles de champignons fait l’unanimité parmi mes compagnons (trois amateurs de pintade!). Pour ma part, la souris d’agneau du Québec braisée, purée de panais aux épices, jus corsé au sirop d’érable s’avère délicieuse : la sauce est très goûteuse et l’accompagnement est relevé d’une touche de truffe.

Pintade farcie

Ce repas est arrosé d’un Saint-Émilion 2005 pas piqué des vers. La carte des vins de L’un des sens propose plusieurs vins au verre et des bouteilles provenant surtout des vieux pays, la plupart en importation privée.

Au dessert, nous nous partageons deux portions de ce qu’on appelle soufflé au chocolat, glace aux pistaches. Le soufflé, s’avère être une espèce de fondant au chocolat, peut-être trop fondant et pas tout à fait cuit. Ma tendre moitié ne tarit pas d’éloge à propos de la glace aux pistaches. Les assiettes sont bientôt vides.

Cette histoire de panne électrique, l’environnement un peu chaotique et les délais dans le service en ayant découlé font qu’il faudra retourner à L’un des sens pour se faire une meilleure idée de cet établissement. Prochaine visite qui ne saurait tarder, faut-il ajouter.

Évaluation : ***½

L’un des sens, 108 avenue Laurier Ouest, Montréal. Comptez environ 40$ par personne avant vin, taxes et service.

(Photos: Emmanuel Haydont)

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