dimanche 29 août 2010

Une soupe aux lentilles d’inspiration indienne

Je dois vous faire un aveu : j’adore les légumineuses. J’aime leur goût délicat, leur texture en bouche, la sensation de satiété qu’elles procurent. Les légumineuses sont présentes dans à peu près toutes les cuisines : maghrébine (merveilleux pois chiches), indienne (en Inde, la lentille est un met national), asiatique (le soya est une légumineuse), latino-américaine (mystérieuses fèves noires), française (qu’on pense au cassoulet périgourdin), américaine (le chili con carne) et, bien sûr, Québécoise : quoi de plus réconfortant en hiver qu'une bonne soupe aux pois? Les fèves au lard, la soupe aux pois : des recettes incarnées, authentiques, qui font le pont avec le passé et l’histoire du Québec. Oubliez le pâté chinois et la maudite poutine; les binnes, ça c’est du terroir!

Outre les qualités gastronomiques des légumineuses, il faut aussi souligner leurs effets secondaires : ils constituent une excellente source de fibres alimentaires et ont une haute teneur en protéine (ça, tous les végétariens le savent). Non seulement c’est bon, mais c’est bon pour la santé. Voilà. Effets secondaires. Est-ce que j’oublie quelque chose? Non, je pense que c’est tout (1).

Enfin, soulignons que les légumineuses coûtent trois fois rien, qu’elles soient sèches ou en boîtes. Que des avantages, vous dis-je.

Je vous parle de légumineuses parce que Jojo m’a suggéré de partager avec vous la dernière version de ma recette de soupe aux lentilles d’inspiration indienne. Je tiens à préciser qu’il ne s’agit nullement d’une recette authentique, qui m’aurait par exemple été léguée par ma grand-mère indienne (et ce, même si on dit que tous les québécois « de souche » ont du sang indien). Non, c’est une recette que j’ai composée en m’inspirant des « soupes dahl » qu’on sert dans les restaurants indiens. Dahl – aussi orthographié dhal, dal ou daal – est le mot indien (hindi, je suppose) pour la lentille. Je vous propose donc une espèce de soupe dahl. Et comme le disait Gandhi, « Rien de mieux qu’une soupe dahl quand tu as la dalle! » Gandhi avait en effet un penchant pour les calembours désopilants et le français argotique. Sacré Gandhi!

Mais trêve de déconnage, voici ma recette de soupe aux lentilles d’inspiration indienne.

* * * 

Ingrédients, pour 4 personnes :
  • 1 cuillère à soupe d’huile végétale. 
  • 1 oignon haché grossièrement. 
  • 1 grosse tomate en gros dés. 
  • 1 boîte (540 ml) de lentilles. 
  • 500 ml de bouillon de poulet. 
  • ½ cuillère à thé de cardamome moulue. 
  • 1 cuillère à thé cumin moulu. 
  • 1 feuille de laurier. 
  • Jus d’une demie lime (ou deux cuillères à soupe de jus de citron). 
  • Un bouquet de coriandre fraîche, haché. 
  • Sel, poivre.

Préparation :

Dans une casserole, faire revenir l’oignon dans l'huile, à feu moyen-doux.

Lorsque l’oignon est presque tombé (après environ une quinzaine de minutes), ajouter la tomate. Couvrir, baisser le feu et laisser cuire dix minutes.

Ajouter la cardamome et le cumin. Bien mélanger. Laisser cuire cinq minutes de plus.

Ajouter le bouillon de poulet et la feuille de laurier. Couvrir et porter à ébullition légère. Saler et poivrer (attention au sel si vous utilisez un bouillon de poulet très salé). L’oignon et la tomate doivent être bien cuits.

Ajouter les lentilles. Couvrir et ramener à ébullition légère.

Ajouter le jus de lime ou de citron et passer au mixeur (ou au bras mélangeur) de façon à obtenir une texture grossière, pas parfaitement lisse.

Au moment de servir, saupoudrer chaque portion d’une bonne quantité de coriandre fraîche.

* * * 

On pourra bien entendu servir cette soupe dans le cadre d’un repas d’inspiration indienne. Ou pour accompagner un sandwich. Par exemple, un classique sandwich au thon comme ce fut le cas chez nous hier midi (2).

Pour finir, comme on dit en hindi : « Bon appétit! » (3)

Notes :
  1. Avouez que j’évite le sujet des flatulences de façon fort subtile.
  2. O.K., puisque vous insistez, voici la recette de mon classique sandwich au thon : thon en boîte, pomme verte en fine tranches, fromage suisse, mayonnaise, moutarde de Dijon et moutarde à l'ancienne.
  3. Si vous ne me croyez pas, rendez vous dans Google Translate, choisissez Langue source : Français, Langue cible : Hindi et saisissez le texte « Bon appétit ». Cliquez ensuite sur le petit bouton permettant d’entendre la traduction.

jeudi 26 août 2010

Andiamo

J'apporte mon lunch au bureau pratiquement tous les jours. Ainsi, je sais ce que je mange et je sais que ce sera bon. Toutefois, je n'apporte JAMAIS mon lunch le vendredi : c'est une religion. Or, lorsque vient le temps de se mettre d'accord mes collègues et moi sur un resto potable où aller casser la croûte en cette journée de lunch buissonnier, souvent, c'est l'impasse : la moisson de restos dignes de ce nom situés à l'intérieur d'un périmètre d'un kilomètre du bureau est plutôt maigre... Ici, je fais référence au secteur se trouvant près de la Caisse de Dépôt. Quatre fois sur cinq, nous nous rabattons donc, un peu par dépit, sur le "food court" se trouvant au sous-sol d'une tour à bureaux non loin.

Cependant, depuis quelques temps, nous avons instauré un genre de tradition où toute occasion est bonne afin de se payer un bon resto et prendre le temps de bien manger : le départ en vacances ou l'anniversaire d'un collègue, son retour de vacances, une promotion, Noël, la guérison d'un ongle incarné... Fort heureusement, ce genre de restaurant est apparu dans le coin depuis quelques années alors qu'il faisait cruellement défaut. L'un de ceux-ci est Andiamo, un resto de style méditerranéen faisant partie de la grande famille de Europea. Nous sommes donc allés chez Andiamo récemment afin de souligner un événement quelconque et nous y avons découvert une cuisine savoureuse, bien faite et servie rapidement, ce qui est un must pour les gens qui doivent malheureusement retourner au bureau après.

Avant de poursuivre, laissez-moi tout d'abord avouer une chose : lorsqu'un restaurant m'accueille avec des petites bouchées, je suis conquise à 50%. C'est comme ça. Or, Andiamo nous a accueillis avec une mise en bouche faite de minis brandades de poisson dont j'oublie le nom, servies avec une mayo au pesto. Hummmm... Ça commence drôlement bien ! À croire qu'ils détenaient de l'information privilégiée...

La table d'hôte du midi offre plusieurs choix incluant l'entrée. J'opte pour le gazpacho andalou et le tartare de saumon et tagliatelles de courgettes. Mes compagnons de fortune jettent leur dévolu sur l'entrée de calmars et l'agneau braisé servis avec des gnocchis ainsi que sur la poitrine de volaille marinée et grillée, servie avec un riz espagnol en croûte. Le gazpacho est délicieux, la tomate y étant bien présente. Les calmars, délicatement panés et accompagnés d'une sauce tartare maison, sont bien tendres. Le tartare de saumon est très frais et légèrement assaisonné et les tagliatelles de courgettes, tendres et un tantinet citronnées. Très bon. L'agneau braisé est tendre et délicieux. Et je crois comprendre que la poitrine de volaille est tout aussi succulente. Bref, tout le monde apprécie son repas. En ce qui me concerne, je reviendrai assurément !

Évaluation : ***
Prix par personne avant vin, taxes et service : 20$ le midi, 35$ le soir

Andiamo
1083, côte du Beaver-Hall
Montréal
514.861.2634

mercredi 18 août 2010

La pizza de Sandhu


Le restaurant Sandhu confectionne certainement l'une des meilleures pizzas à Montréal. L'art de faire une bonne pizza est plus ardu qu'il n'y paraît à prime abord, le secret résidant bien entendu dans la qualité, la fraîcheur et l'amalgame des ingrédients utilisés ainsi que dans leur cuisson. Et chez Sandhu, on connaît l'art de faire une bonne, voire une très bonne pizza. Celle qu'on prépare ici se décline en 47 variétés, ce qui fait que chacun devrait y trouver son compte. Et la délicieuse chose peut être livrée chez-vous, en autant que vous vous trouviez à l'intérieur du rayon de livraison du resto.

Sandhu
4548 Avenue Papineau
Montréal
H2H1V3
514.524.8685

dimanche 8 août 2010

Hercule de Charlevoix

L"Hercule de Charlevoix


J'ai fait une belle découverte dans Charlevoix la semaine dernière: le fromage Hercule de Charlevoix, un produit de la Laiterie Charlevoix, de Baie-Saint-Paul. C'est un fromage à pâte cuite, affiné en surface. J'ai goûté la version vieillie 12 mois. Excellent. Ça se mange tel quel, avec du pain. Excellent aussi en sandwich grillé (grilled cheese). Sûrement parfait pour ajouter du punch à un gratin (ou sur une pizza!).

Bonne nouvelle: je pourrai m'en acheter de nouveau, c'est disponible à tout plein d'endroits à Montréal.

Le 51 : Déception charlevoisienne

En bon montréalais snob et condescendant que je suis, j’ai de gros préjugés concernant une certaine gastronomie de province. Ces préjugés, il est important de le préciser, ne sont pas issus d’une pure mauvaise foi, mais le fruit d’expériences malheureuses vécues dans des restaurants de diverses régions du Québec. Tout en jouant sur le concept hyper-flou du « terroir », ces établissements proposent souvent une conception très kitch de la gastronomie. En toute méchanceté, j’appellerais cette cuisine de la « gastronomie de matante ». Son équivalent en hôtellerie serait ces B & B dont les chambres sont décorées comme des maisons de poupées; vous savez, ces chambres avec lit à baldaquins, tapisserie fleurie et dentelles? Certains trouvent ça joli, moi je trouve ça cucul. En restauration, ça donne : pâte filo, fruits sucrés et pétales de fleur. Je ne sais trop pourquoi, mais cette cuisine affectionne particulièrement l’utilisation de fruits dans les plats salés: on met des fruits partout, dans tous les plats, avec toutes les viandes. Le problème, c’est que l’accompagnement d’une viande avec un fruit est une entreprise de haut vol. Il ne faut surtout pas tuer le goût de la viande, il ne faut pas rendre le plat écœurant parce que trop sucré, il faut aussi que le fruit qui accompagne le plat se marie autant à la viande qu’aux accompagnements présents dans l’assiette. Bref, à ne pas mettre entre les mains du premier « chef » venu! Mais, bon, on fait du tourisme, on se cherche un resto, on se fie aux grandes lignes de la carte affichée à l’extérieur de l’établissement, il y a l’enthousiasme qu’on ressent pour une région qu’on aime découvrir – on est en vacances après tout et la vie est belle! – et on se rend compte qu’on s’est fait avoir seulement au moment où on nous sert l’assiette. Et ça se confirme quand on y goûte. Ces établissements ne sont pas nécessairement des attrapes-touristes; on ne cherche pas à vous arnaquer; vous êtes seulement la victime de restaurateurs candides ou maladroits. Ou d’une matante aux fourneaux.

(Bon, avant de m’envoyer des colis piégés, sachez que la diatribe ci-haut n’est pas une généralisation : il existe d’excellents restos dans toutes les régions du Québec.)

Or donc, nous (les Becs fins) nous sommes loués la semaine dernière une jolie maison dans Charlevoix avec des amis. Nous comptions bien nous faire de bonnes bouffes, mais avions aussi prévu une soirée au resto. Très conscients des pièges que constituent les restaurants gastro-kitchs décrits plus haut, nous décidâmes de nous en remettre aux conseils d’une source que nous jugions fiable et objective : le Guide Restos Voir. Après une petite recherche dans le guide, notre choix s’arrêta sur le restaurant Au 51 à Baie-Saint-Paul, confiants que grâce à la cote de 4 étoiles attribuée par le guide pour sa cuisine, c'est-à-dire « très bonne table », nous ne pouvions nous tromper.

Mais cette soirée s’avéra malheureusement décevante.

La carte du 51 souligne à gros traits (littéralement) les produits régionaux. On n’y voit aucun « émeu du terroir » au menu, ce qui rassure. On propose un choix varié d’entrées (pour environ 9 $ à 15 $) et de plats (pour environ 20 $ à 24 $), offerts à la carte. Je note au passage que 5 des 8 entrées comportent des fruits.

On nous apporte d’abord une mise en bouche. Dans une toute petite verrine, un étagé de betterave, de pois et d’une mousse crémeuse au pesto. Fort bon et original.

Ensuite, les entrées.

D’abord, l’entrée de « Baluchon Rôti au Foie Gras et Migneron, Pleurotes Champivoix, Compote de Pommes aux Épices et Chicoutai ». Précisons que le Migneron est le célèbre fromage de Charlevoix et que la chicoutai est ce fruit de la côte-nord aussi appelé plaquebière. Dans l’assiette, un baluchon de pâte filo repose sur une préparation aux fruits. Autour, des quenelles de compote de pomme et des touches d’une préparation sucrée, sans doute de la confiture ou de la compote de chicoutai. Le tout est saupoudré de quelques pétales de fleurs. Eh oui, la Sainte-Trinité y est au complet : pâte filo, fruits sucrés et pétales. Nous cherchons en vain le foie gras dans le baluchon. Il y a bien quelques morceaux de pleurotes, mais le goût est complètement occulté par les fruits sucrés. Ça donne une espèce d’entrée-dessert.

Ensuite, l’entrée de « Pétoncles des îles de la Madeleine poêlés, Sauce Rhubarbe et dés de Mangue, Purée de Pois Chiches, Crumble au Piment d’Espelette ». Chacun des 4 petits pétoncles est posé sur de la purée de rhubarbe. Première constatation : les pétoncles ne sont pas cuits comme on pourrait s’y attendre de « pétoncles poêlés ». Vous savez cette petite couche de chair caramélisée qui goûte si bon? Eh bien, elle n’y est pas. Blêmes, les pétoncles. De plus, le goût délicat du bivalve est perdu dans la compote de rhubarbe. De son côté, la purée de pois chiche est légère et permet de se reposer le palais.

Suivent les plats.

Le « Filet de Poisson frais selon arrivage du Jour Poêlé aux Agrumes Sauce Beurre blanc à la bière de la MicroBrasserie ». Ce jour-là, le poisson du jour est la raie. Sa cuisson est impeccable et ça fond dans la bouche. Très bon.

Le « Duo de Ris et Rognon de Veau Saveur poêlés, Sauce au Vinaigre Balsamique de Modène » déçoit. Les abats sont à peine tièdes. Le ris de veau souffre du même problème que les pétoncles : on les a blanchis, d’accord, mais a-t-on oublié de les faire sauter? Les abats sont nappés d’une épaisse sauce au vinaigre, qui a la couleur et la consistance d’une sauce au chocolat. Il y en a beaucoup trop, ça prend toute la place dans l’assiette et en bouche.

Dans les deux cas, ces plats sont accompagnés de diverses préparations aux légumes : mini-courgette farcie, étagé de légume, purée. Dans tous les cas, c’est pas mal mais un peu fade.

Alors que je tente de nettoyer les rognons de toute cette sauce au vinaigre, je m’ennuie de l’excellent rôti de palette (tomates et romarin, cuit lentement tout l’après-midi) que nous a préparé notre amie Sonia l’avant-veille.

Le service est sympathique, quoique lent… Comme je l’ai déjà mentionné ici, je  n’aime pas trop quand le service s’étire et qu’on a l’impression d’avoir été oublié. Mais c’est probablement encore un tic de montréalais stressé, n’est-ce pas?

Tout ceci étant dit, on dirait que quelque chose clochait dans notre expérience à ce resto. Le 51 et son chef ont gagné des prix, sont abondamment cités comme des incontournables de la région dans tous les sites web traitant de Charlevoix, la critique du Guide Resto Voir est bonne… Je me dis : « Peut-être n’avons-nous pas fait des choix heureux dans le menu? » Pour ensuite reconnaître que s’il existe des choix malheureux dans un menu, c’est déjà un problème. Peut-être le chef est-il en vacances et le cuistot qui le remplace peine-t-il à livrer la marchandise? Bref, grosse déception, compte tenu du prix. Tout au plus, un succès mitigé pour un restaurant qui se veut gastronomique.

Et malheureusement, cette soirée ne fait que me conforter dans mes préjugés de montréalais snob et condescendant. Tant pis.

Ah, j’oubliais : c’est la dernière fois que je me fie au Guide Resto Voir pour choisir un restaurant.

Évaluation : **

Au 51, 51, rue Saint-Jean-Baptiste, Baie-Saint-Paul. Menu à la carte, pour environ 40$ par personne avant vin, taxes et service.