jeudi 25 octobre 2012

Les Trois petits bouchons


La vie est dure pour les restaurateurs. Les journées sont longues, ardues et stressantes, le prix des aliments augmente sans cesse et la compétition est féroce. J'ai vu un jour une statistique qui mentionnait que près d'un restaurant au Québec sur deux ferme ses portes 3 ans seulement après son ouverture... Il faut donc y croire furieusement et savoir que des bras tatoués et une belle gueule passant bien à l'écran ne garantissent malheureusement pas automatiquement le succès.

Dans ce contexte difficile, il ne faut donc pas s'étonner qu'un même local puisse voir passer successivement sous son toit plusieurs restaurants différents. C'est le cas du restaurant les Trois petits bouchons qui occupe le local où se trouvait jadis le Persil fou, notamment.

Nous avons visité cet établissement il y a quelques semaines dans le cadre d'un souper d'anniversaire avec des amis. Eh oui ! Un autre ! À croire que je compte 365 amis et que tous ont leur anniversaire à des dates différentes. Mais trêve de digression. La maison se targue d'utiliser des produits du terroir et de favoriser les produits locaux, ce qui a toujours l'heur de me plaire en ces temps où les préoccupations écologiques prennent de plus en plus le haut du pavé, avec raison. Au premier coup d'oeil, l'ardoise nous semble en effet bien refléter cette revendication.

En entrée, mon amoureux et moi choisissons respectivement la pieuvre grillée et la salade de tomates ancestrales. Ici, petite précision : une de mes maladies mentales m'oblige à ne consommer les bestioles à tentacules que sous forme de cubes. Mais là vous me direz : "Euh... Aucun animal terrestre ou marin, aussi exotique soit-il, n'existe sous forme de cube". Ce à quoi je rétorquerai : "Faux ! Cet animal existe en autant qu'il passe d'abord dans l'assiette de ma tendre moitié qui lui fait ensuite subir une subtile transformation cubique dans le but ultime de m'y faire goûter".

C'est donc pour cette raison que je suis en mesure d'affirmer que la pieuvre en cubes que j'ai goûtée dans l'assiette de mon conjoint était vraiment délicieuse, tendre et moelleuse à souhait. Le céphalopode, ou du moins ce qui en restait, reposait sur un peu de crème sure et était accompagné de bacon. La sauce qui le nappait était toutefois un brin trop sucrée, ce qui donnait presque l'impression de manger un dessert de pieuvre à l'érable, ce qui selon moi est loin d'être un concept gagnant.


Mon entrée de tomates ancestrales était vraiment délicieuse. Les belles tranches de tomates multicolores bien goûteuses (on est loin des boules rouges insipides de Savoura ici !) étaient accompagnées de petits beignets au parmesan ainsi que d'une espuma de basilic. Si l'occasion se présente à nouveau, je reprendrai assurément cette belle entrée.


Pour leur part, nos amis avaient choisit la tartelette aux champignons de même que la pieuvre grillée. Ici, même constat au sujet de la pieuvre. Par contre, la tartelette aux champignons était tout à fait réussie, bien généreuse en garniture.


En plat de résistance, nos choix se sont portés sur la tartiflette pour moi et le bar "alla Norma" pour monsieur. La tartiflette, plat que je rebaptiserai pour l'occasion "Demain, je devrai courir au moins 10 km", est un gratin de pommes de terre, de lardons, d'oignons et de fromage, typiquement du Robochon. Dans le cas présent, le fromage originaire de Haute-Savoie avait été remplacé par un fromage québécois dont le nom m'échappe malheureusement  mais qui n'avait certainement rien à envier à son cousin d'outre-mer. Le plat, surmonté de roquette, était délicieux, quoique plutôt costaud. Mais bon, je savais tout de même à quoi m'attendre.


Le poisson de mon amoureux était cuisiné "alla Norma", c'est à dire à la mode méditerranéenne, ce qui nous laisse présumer que la Norma en question est d'origine méditerranéenne. Oui, je sais, notre puissant esprit de déduction est redoutable. Le bar était donc servi avec un concassé de tomates, d'une tranche d'aubergine grillée, de même qu'avec quelques moules et des gnocchis. Monsieur est très content de son choix car c'est très bon.


Le risotto au homard et aux betteraves de notre amie n'obtient pas le succès escompté : le goût de la betterave est trop accentué et éclipse littéralement le crustacé, ce qui est fort dommage. Le plat aurait sans doute gagné à être mieux dosé. Belle assiette, quand même.


En ce qui concerne le duo de ris de veau et magret de canard que notre ami a élu, il est accompagné de légumes braisés, de champignons sautés et la viande est déposée sur une riche purée de légume racine. C'est un plat pour carnivore certes, mais les légumes sont tout de même bien représentés. Aux dires de notre ami, l'ensemble est savoureux.


Comme je l'ai mentionné à maintes reprises, la vie de blogueuse foodie est difficile, ce qui fait que je dois bien souvent m'astreindre à prendre du dessert même lorsque je n'ai plus faim... Appelez ça avoir le sens du devoir, voire même de l'abnégation. Donc, me voici assise face à un truc gigantesque qui s'appelle Sundae aux brownies chocolat, un genre d'Everest de la coupe glacée. C'est sûr que je ne sors pas d'ici vivante si je viens à bout de cette chose. Mon seul salut tiendra au fait que mon instinct de survie me ramènera à la raison et m'empêchera de terminer cet énorme dessert, au demeurant, délicieux.

Pour sa part, notre amie, plus raisonnable, optera pour le crumble aux fraises accompagné d'une glace aux amandes. C'est réconfortant et très bon.

(En passant, Monsieur Becs fins fait dire que la carte des vins est très intéressante et composée exclusivement de vins "naturels", bios, etc.)

Au final, notre impression générale est très positive malgré quelques petits bémols notamment en ce qui concerne l'entrée de pieuvre grillée et le risotto (qui lui font perdre une ½ étoile), ce qui fait que nous reviendrons certainement nous attabler de nouveau aux Trois petits bouchons.

Évaluation : ***½
Prix : Compter environ 40$ par personne avant vin, taxes et service

Les Trois petits bouchons
4669 Saint-Denis
Montréal
514.285.4444