jeudi 30 juin 2011

Noodle Factory


« J’adore les nouilles ! » est une phrase qui, placée dans un contexte inapproprié tel qu’un premier rendez-vous galant, pourrait être malencontreusement interprétée par votre vis-à-vis par une appréciation un tantinet péjoratif de sa personnalité. Elle doit donc être manipulée avec soin. Par contre, elle prend une toute autre signification dans le contexte où vous revenez d’une visite chez Noodle Factory. Car alors, difficile de ne pas tomber en pâmoison devant ces tendres et charmantes petites choses. Surtout lorsqu’elles sont si bien faites.

Or, ayant visité récemment le Noodle Factory, je peux certainement clamer haut et fort « J’adore les nouilles ! » alors que j'ai sans conteste mangé le meilleur « Chow Mein style Cantonnais » de ma vie. Ce plat est composé d'une montagne de délicieuses nouilles croustillantes, nappée d'une succulente sauce avec crevettes, poulet, boeuf et légumes. Les crevettes, dont la cuisson constitue souvent un baromètre révélateur des compétences du cuistot, étaient dodues et juteuses à souhait. Le poulet et le bœuf quant à eux, étaient très tendres, alors que les légumes étaient juste assez croquants… Miam, miam ! Attention toutefois : les portions sont gigantesques, me laissant dubitative quant à la capacité des asiatiques à rester minces s'ils engloutissent une telle quantité de nourriture à chaque repas...


Cet établissement familial a ouvert ses portes en 2008 alors que les propriétaires décidaient d'offrir aux montréalais de savoureux mets issus de la tradition culinaire de Szechuan, du Shanghai et du Canton. Grand bien leur en pris car ce petit resto sans prétention situé dans le quartier chinois est très prisé.

Toutes les nouilles qui sont servies au Noodle Factory sont fabriquées sur place et sont donc d'une fraîcheur surréaliste. Et puisqu’ici, la nouille est LA star, le menu présente une multitude de plats dont c'est l'ingrédient principal. Ainsi, dumplings et raviolis divers, soupes et autres plats à base de nouilles, de même que de nombreuses entrées, sont offerts. Difficile donc de ne pas y trouver son compte !

Le service est très rapide et courtois. Par contre, l'endroit est tout petit et à l'heure du lunch, les gens se pressent dans l'entrée en espérant obtenir une place. Arrivez donc assez tôt pour faire partie de ceux qui ont la chance de trouver une place libre, pour ensuite pouvoir affirmer « J’adore les nouilles ! ».

Évaluation : ***
Prix : Compter entre 10$ et 15$ par personne, avant taxes et service.

Noodle Factory
1018 Saint-Urbain
Montréal
514.868.9738

jeudi 23 juin 2011

Prato Pizzeria & Café

En cuisine, comme en toute chose, le mieux est souvent l'ennemi du bien. En effet, la simplicité est souvent le plus court chemin menant à la réussite d'un plat. Un chef qui se perd en fioritures pour ornementer son oeuvre, ne fait que la charger inutilement pour ultimement, en perdre de vue l'essence même. Or, une recette devrait mettre en vedette l'ingrédient principal et non pas le masquer sous une myriade d'éléments qui, en bout de ligne, le relèguent au second plan.

Récemment, une première visite au restaurant Prato m'a permis d'apprécier à sa juste valeur toute la portée de cette prémisse : les choses simples sont souvent les meilleures. Ici, on se spécialise dans la pizza et on maîtrise son art. La pâte est mince et très croustillante et elle est recouverte d'ingrédients très frais. En réalité, on pourrait dire que la pâte ici est tellement bonne que c'est elle qui donne ses lettres de noblesse à la pizza. Rien de moins. Au final, la pizza oblongue à l'aspect artisanal qui en résulte est servie sur une lèchefrite en métal. Nul besoin d'artifice et d'enjolivure : la chose est simple, jolie et délicieuse telle quelle.

J'avais opté pour une pizza Pomodoro, pizza simplissime à trois ingrédients : tomates, parmesan et basilic. Poussée par la faim vorace qui m'habitait, je me suis donc jetée dessus comme une nuée de maringouins de l'Abitibi s’abattant sur un randonneur dodu et insuffisamment habillé, et n'en fit qu'une (ou deux) bouchées. La sauce tomate, très goûteuse et d'une onctuosité parfaite, offrait un équilibre acide/sucré très agréable. L'ensemble était agrémenté de feuilles de basilic frais et parsemé de tout juste la bonne quantité de parmesan. La pizza, donc, dans ce qu'elle a de plus basique et de plus authentique. Mon compagnon quant à lui, avait choisi la pizza végétarienne avec artichaut, tomate fraîche, champignon, poivron et oignon, un choix qui s'avéra cependant un peu moins judicieux que le mien, l’ensemble manquant un peu de punch. En réalité, il semblerait que la pizza végétarienne manquait tout bonnement de… viande, Monsieur ayant vraisemblablement opté pour une variété ne correspondant pas à son envie (carnivore) du moment. Mais ce petit désagrément est facilement évitable : il suffit en fait d’être à l’écoute de son tube digestif et d’effectuer son choix en fonction de ce qu’il nous dicte… Finalement, notons qu’en entrée de jeu, nous avions commandé des salades, petite verte pour moi, petite César pour monsieur, et elles se sont avérées être très fraîches et craquantes, simples (encore et toujours la simplicité !), mais très bonnes.

En conclusion, suite à cette visite, je dois réévaluer la liste de mes pizzas favorites pour y introduire celle du Prato. La pizza de Sandhu est certes délicieuse, mais celle de Prato, notamment à cause de sa pâte sublime et de son authenticité, occupe désormais la pole position.

Évaluation : ***
Prix : Compter entre 20$ et 30$ personne avant vin (ou bière), taxes et service.

Prato Pizzeria & Café
3891, boul. St-Laurent
Montréal
514.285.1616

mardi 14 juin 2011

Accords


Je préfère partager mon enthousiasme quant aux bonnes adresses plutôt que de tirer à boulets rouges sur les établissements m'ayant déçue... En effet, il existe une telle quantité de bons restaurants à Montréal et ailleurs au Québec, alors pourquoi prêter attention à ceux qui ne le méritent pas ?

Ainsi, ma première et ce qui s'avérera être sans contredit ma dernière visite à ce resto, propriété de Guy A. Lepage et Chantal Fontaine, fut une déception. En effet, dans le cadre des tournées "Enfin, un répit du 'food court' ce midi", mes collègues et moi avons récemment élu Accords comme étant le prochain resto à visiter. Puisque j'en avais entendu parler à quelques reprises en bien, c'est donc moi qui l'avais proposé à mes compagnons qui ont acquiescé... Mea culpa.

La carte laissait pourtant présager tout autre chose, alors que les plats offerts semblent délicieux. Pour ma part, j'ai opté pour le fish and chips, le meilleur du coin d'après le serveur. Quant à eux, mes compagnons ont choisi qui, les pâtes du jour, des pâtes maison au pesto et qui, les côtes levées avec patates douces rôties. Tout le monde a pris le potage aux poireaux en entrée. Première déception du jour : la soupe est à peine tiède. C'est dommage car sinon, alors qu'elle est accompagnée de petits lardons et de quelques pousses de verdure, elle serait très bonne.

Arrivent ensuite les plats principaux. Mon filet de poisson pané est déposé sur un monticule de frites fines. Premier constat en ce qui concerne cette assiette : la présentation est étonnamment drabe, surtout pour un resto qui se prétend un tant soit peu raffiné. Zéro point donc en ce qui a trait au volet esthétique. Et pour ce qui est du volet papilles, disons qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat ce qui, de toute façon, n'est pas une façon très élégante de marquer son appréciation. Le poisson est un peu fade, ce qui me laisse croire que la pauvre bête est malheureusement morte en vain. En plus, les frites sont molles, ce qui n'arrange rien.

Les côtes levées, pour leur part, feront l'unanimité auprès de mes acolytes : la viande manque cruellement de tendreté et de jutosité, c'est à dire tout le contraire de ce à quoi l'on est en droit de s'attendre de ce plat... En fait, seules les pâtes ont trouvé grâce à mes yeux, alors qu'elles étaient correctes, sans plus.

Peut-être qu'à cet endroit, l'on accorde moins d'attention au repas du midi, le considérant à tort comme un art mineur de la table ? Si tel est le cas, alors il s'agirait d'une erreur de taille, car nombreuses sont les personnes (et j'en fais partie) qui tâtonnent la marchandise le midi à petit prix pour ensuite, après avoir obtenu satisfaction, y retourner le soir afin de passer aux choses sérieuses. Or, mon expérience chez Accords, outre le fait de ne pas m'avoir incitée à y retourner le midi, m'a encore moins donné le goût de m'y rendre le soir, alors que le total de l'addition est presque multiplié par deux.

Peut-être sommes-nous tout simplement mal tombés ? Tous les quatre ? Mouais, pas sûr. À moins que les statistiques aient bêtement joué contre nous et que Murphy s'en tape encore sur les cuisses... Toutefois, il m'apparaît évident que le concept de "mal tomber" ne devrait pas exister et ce, pour tout restaurant qui se respecte. En effet, un client qui est déçu lors de sa première visite est un client qui généralement ne revient pas. Malheureusement, j'en suis.

Évaluation : **
Prix : Compter entre 20$ et 25$ le midi par personne, avant vin, taxes et service.

Accords
212, rue Notre-Dame Ouest
Vieux-Montréal
514.282.2020

dimanche 5 juin 2011

Je ne bois pas la vie en rose (sur un air connu)


Il y a de ces débats complètement stériles qui visent à déterminer par des arguments objectifs la supériorité d’une chose sur une autre, alors que celles-ci ne s’opposent nullement et qu’il n’y a tout simplement pas de choix à faire entre elles. Ainsi, il n’est pas rare pendant un repas entre amis d’entendre quelqu’un lancer que « en général, c’est bien entendu, le vin rouge est bien meilleur que le blanc ». À chaque fois que j’entends ce genre d’ineptie, je me demande pourquoi diable il faudrait choisir entre rouge et blanc. Pourquoi ne pas apprécier les deux? Il n’y a rien comme la variété; il se trouve qu’il y a des vins intéressants de tous les prix tant en blanc qu’en rouge. Et il existe de grands vins blancs comme il existe de grands vins rouges.

Tout ceci étant dit, cette théorie de la relativité ne s’applique pas au vin rosé. Parce que le rosé, objectivement, ce n’est pas très bon.

À chaque année, je me fais prendre à acheter une bouteille de rosé, victime du marketing et de l’exaltation qui nous gagne naturellement lorsque la saison chaude revient. Ainsi, ce week-end ai-je aléatoirement fait l’achat compulsif d’une bouteille du vin de pays d’Oc C’est la vie! Syrah rosé, 2009, sans doute leurré par le prix spécial affiché à la SAQ (prix régulier 13,70$ en spécial à 12,35$). De retour à la maison, apéro, soleil, week-end, la vie est belle (je dis ça pour vous faire croire que je ne suis pas qu’un mononcle ronchon). Je goûte et je note. Dans le verre, le vin montre une jolie robe rose-orangé. On croit percevoir un nez très discret de fruits rouges. En bouche, à part la sensation de froid, on n’a droit qu’à une légère acidité et un fruité, disons, évanescent. En fait, ce vin serait presque insipide, si ce n’était de cette forte amertume en arrière-goût, persistante et loin d’être agréable. « Fruité et léger » disait la stupide pastille de goût SAQ. Léger, d’accord. Fruité, très peu, merci. Y a-t-il une pastille de goût pour « jus de fruit dilué avec un fort arrière-goût vineux » ? Dans le cas de ce vin, me suis-je dit, la modération a effectivement bien meilleur goût.

À chaque année, je me dis qu’on ne m’y reprendra plus. Vous voulez boire léger parce que c’est l’été et que c’est l’heure de l’apéro? Pour le même prix, combiens de sympathiques blancs pourriez-vous goûter en lieu et place de ces rosés insipides! La plupart des rosés me semblent tout simplement trop chers pour ce qu’ils offrent. Faites-vous plaisir : pour 1 ou 2$ de plus, optez donc par exemple pour un chardonnay d’Afrique du Sud ou un petit vin alsacien d’entrée de gamme, qui fera des merveilles à l’apéro? Les chroniqueurs en vin ont toujours de bons mots pour le rosé, nous recommandant de le servir bien froid, le décrivant comme un vin de soif, rafraîchissant, etc. À ce compte, pourquoi ne pas vous ouvrir une bonne bière, tout aussi rafraîchissante, qui vous soulera moins, qui aura du goût et une bonne amertume, par exemple, l’excellente et délicieusement amère St-Ambroise blonde de la brasserie McAuslan ou une rafraîchissante bière blanche de n’importe quelle micro-brasserie québécoise?

J’admets que le vin rosé a son rôle à jouer dans l’univers œnologique. Dans le sud de la France, on peut s’acheter en vrac chez le vigneron un petit rosé à 1 euro le litre. Dans ce contexte, je comprends très bien qu’on s’en tape quelques verres à l’apéro sur la terrasse, entre amis. Mais le Québec n’est pas la Provence. Le modèle de tarification de la SAQ fait en sorte que ces vins modestes et bons marché deviennent non compétitifs une fois sur les tablettes des succursales de notre monopole favori. À 13$ la bouteille, il n’y a plus aucune raison d’acheter ces vins rosés, sauf peut-être pour l’effet assez joli d’un liquide rose et transparent dans une coupe.

Mais pour ça, on peut toujours se préparer un kir, n’est-ce pas?