vendredi 15 juillet 2011

Rôtisserie Romados



La rôtisserie Romados est située au coin des rues Rachel et de Bullion dans le quartier Portugais de Montréal. Le local se présente comme un comptoir pour emporter, bien qu’il soit possible de manger sur place, ce que je ne recommande pas particulièrement, parce que c’est zéro ambiance. Déjà, de la rue, on peut voir par une vitrine les grands barbecues sur lesquels on fait griller le poulet en crapaudine. Et ça opère! L’endroit est couru et je serais bien curieux de savoir combien de poulets on sacrifie ici annuellement pour la bonne cause. On vient y chercher un repas prêt à manger ou seulement du poulet rôti, qu’on servira avec l'accompagnement de son choix une fois à la maison.

Ce midi, j’ai choisi un repas de cuisse de poulet. Dans un contenant de styromousse, une toute petite salade, une cuisse de poulet détaillée en morceaux – en fait, plus d’une cuisse, puisqu'il y a un haut de cuisse et deux pilons – et nappée d’un jus; on m’a offert piquant et j’ai acquiescé. Le tout est littéralement enterré sous une montagne de frites. Le résultat, fort copieux, est conforme à la réputation des Portugais qui, comme les matantes du terroir Québécois, sont généreux question bouffe. Prix avec taxe: 7,05$. Difficile à battre. Si vous vous en sentez capable, commandez-vous en plus une pâtisserie pour dessert.

Le poulet est bien grillé et juteux. La peau est croquante par endroit. La sauce piquante n’est pas si forte et donne au poulet un bon petit goût de piment. Les frites sont un peu molles, mais épicées et pas mauvaises dans le genre (je souligne qu'il ne s’agit pas de frites commerciales congelées). J’ai mangé ce que j’ai pu, mais je n’ai jamais réussi à voir la fin de toutes ces frites. Et bien sûr, ça manquait de légumes, mais dans le contexte, c'est tout à fait excusable.

Bref, une excellente adresse pour attraper un repas à emporter, du fait maison pas cher. Rendez vous chez Romados chercher ce qu'il faut pour un pique-nique improvisé et allez manger tout ça assis dans l'herbe au Parc Jeanne-Mance, tout près. Mais attention d'y aller avant midi si vous voulez éviter la file!

Évaluation : ***
Prix : Un gourmand peut manger à sa faim pour moins de 10$. À ce prix-là, SVP, laissez un bon pourboire!

Rôtisserie Romados
115, rue Rachel Est
Montréal

jeudi 7 juillet 2011

L’art de la guedille

Si vous fréquentez ce blogue, vous savez déjà ce que je pense de la mode des mets de cantine(1) ennoblis et revisités. En mettant en vedette diverses versions de la poutine, du hamburger, du grilled-cheese et des rondelles d’oignon, certains chefs (souvent de jeunes chefs barbus et tatoués) dévalorisent le patrimoine culinaire québécois en suggérant que ces plats en constituent l’essence. La conséquence de cette tendance est un grand malentendu, où les étrangers, voire les Québécois eux-mêmes, en viennent à penser que les mets de casse-croûte – et en particulier la sempiternelle poutine! – sont devenus emblématiques de la gastronomie de la Belle Province. Cependant, malgré leurs efforts et toutes revisitées et déconstruites que soient leurs créations, ces chefs (et leurs tatouages) ne réussissent jamais à transcender la nature humble et, disons-le, bas de gamme des mets de cantine. Résultat : on a infailliblement l’impression de s’être fait arnaquer lorsqu’arrive l’addition (« Quoi?! 18$ pour un grilled-cheeze!! »)

Ceci étant dit, s’ils me semblent superflus dans les restaurants gastronomiques, certains mets de casse-croute s’avèrent tout à fait bienvenus à la maison. En effet, rien de plus amusant que de se concocter grilled-cheese, hamburgers et hot-dogs (sans les revisiter) par un beau samedi ou dimanche midi d’été. C’est festif, c’est convivial et c’est vite fait. Et si on oublie les frites et les boissons gazeuses, c’est tout à fait sain (sauf peut-être pour la saucisse à hot-dog dont on gagne à ignorer les ingrédients et le procédé de fabrication).

Ainsi, chez les Becs fins, avons-nous récemment (re)découvert le plaisir de la guedille maison et, ma foi, dans le genre « sandwich estival à manger sur la terrasse », difficile de faire mieux.

Mais d’abord, qu’est-ce qu’une guedille (*)? Il s’agit d’une énième déclinaison du sandwich, formée d’un pain à hot-dog fourré d’une préparation à base de mayonnaise et de poulet ou d’œufs hachés grossièrement. Dans sa version maritime (et « de luxe »), on la préparera avec des crevettes ou du homard.

Voici donc pour votre plus grand bonheur, une recette de base de guedille.

Ingrédients, disons pour 4 guedilles (désolé, mais j’écris de mémoire et les quantités sont donc approximatives):
  • 4 pains à hot-dog. 
  • 1 tasse ½ de poulet cuit grossièrement haché ou 4 œufs durs grossièrement hachés ou la chair d’un gros homard cuit grossièrement hachée ou 1 tasse ½ de crevettes nordiques cuites. 
  • 2 grosses cuillères à soupe de mayonnaise (je recommande une marque européenne, plus goûteuse que le truc blanc commercial à l’américaine). 
  • 1 ou 2 branches de céleri hachées finement. 
  • 1 ou 2 oignons verts (ou un petit bouquet de ciboulette). 
  • 4 feuilles de laitue frisée (ou moins, selon la taille de la bête). 
  • Sel et poivre. 


Préparation:
  • Mélanger la viande (ou l’œuf), le céleri, l’oignon vert et la mayonnaise. Pour la guedille aux œufs, une cuillère à thé de moutarde de Dijon donnera une préparation plus relevée. Ajouter de la mayonnaise au besoin; la préparation doit être plutôt crémeuse. Saler et poivrer. 
  • Faire griller les pains à hot-dog. Pour la version décadente, les faire griller à la poêle dans du beurre. 
  • Dans chaque pain, déposer une feuille de laitue frisée. Puis, remplir généreusement de la préparation à la viande (ou aux œufs). 
  • Pourquoi ne pas saupoudrer d’une pincée de paprika ou de ce piment d’Espelette que vous avez reçu en cadeau et dont vous ne savez trop quoi faire? 

Accompagnez votre guedille de crudités et d’une salade de tomates. Et profitez du soleil, l’été passe si vite!


* * * 
Notes:

(1) …ou de casse-croûte ou de greasy spoon ou de diners, etc.

(2) Nous nous conformons ici à l’orthographe normalisée de l’Office de la langue française du Québec et écrivons guedille plutôt que guédille. La guedille se mérite en effet de figurer fièrement dans le Grand dictionnaire terminologique de l’OLFQ, qui fait bien entendu autorité en ce qui concerne les québécismes.