lundi 15 mars 2010

Europea


Ayant une occasion spéciale à souligner (encore, direz-vous!), nous avons visité vendredi dernier le restaurant Europea. Tiens, m’étais-je dit, ça fera aussi un bon sujet pour le blogue des Becs fins, question de faire le jeu des comparaisons avec le Toqué!, visité récemment. Or, voilà que par hasard la critique resto du journal La Presse de ce week-end était justement consacrée à l’Europea. Puisque cette critique s’avère très représentative de notre expérience, le menu goûté étant très similaire, et comme je suis d’un naturel paresseux, je ne peux que vous inviter chaudement à aller lire l’article en question, sous la plume de Marie-Claude Lortie.

Et je me contenterai donc ici d’ajouter mon grain de sel.

D’abord, tout en demeurant relativement discrète, la décoration est agréable et adéquate, participant à créer une atmosphère assez feutrée, idéale pour un souper en tête à tête. Le restaurant se déploie sur trois étages et disons que les serveurs doivent être crevés à la fin de la soirée à monter et descendre à répétition les escaliers, les mains chargées de plats. Ce qui n’empêche en rien le service d’être aussi sympathique qu’efficace. Peut-être trop efficace, d’ailleurs : les plats se sont succédés à un tel rythme que nous avions parfois du mal à reprendre notre souffle entre chaque service. Est-ce la norme chez Europea ou espérait-on nous voir libérer la table pour pouvoir y installer de nouveaux clients? C’est qu’il y a du monde, un vendredi soir, chez Europea : à notre départ toutes les tables étaient occupées et des clients attendaient dans le portique.

Les portions sont petites, mais il ne faut pas s’y tromper : avec tous ces extras (et tous ces desserts!), le menu Découvertes s’avère amplement suffisant pour remplir la panse moyenne. Bon point : chez Europea on ne semble pas souscrire à cette mode qui perdure de saupoudrer les plats d’une tonne de fleur de sel. Ainsi, avons-nous apprécié que la nourriture ne soit pas trop salée, un défaut malheureusement assez courant, même dans des restaurants chers. (Au jeu des comparaisons, le Toqué! perdrait un point ici).

Bien que je n’aie pas la dent sucrée, le plat le plus spectaculaire de la soirée fut à mon avis le dessert (enfin, un des nombreux desserts!). Bien que discrètement décrite dans le menu comme étant une « mousseline vanille et panacota », la chose était ni plus ni moins qu’une sculpture moderne : dans un verre sur lequel on avait posé une mince galette de sucre translucide comme du cristal, des stalagmites de meringue verte semblaient pousser dans la « mousseline vanille et panacota » en question. Présentation des plus ludiques : ça ressemblait à un morceau du paysage d’un film de science fiction!

Du côté des moins, outre le service hyper rapide qui nous a déstabilisés, je dirais qu’après trois visite à ce restaurant en quelques années, je note qu’on table beaucoup sur des formules éprouvées et qu’il y a une certaine redite dans le menu (ces plats signatures dont on fait référence dans l’article de La Presse). Ce n’est pas en soi un défaut, particulièrement dans un quartier touristique comme celui-là où la clientèle se renouvelle continuellement, mais disons que personnellement, dans un restaurant de ce niveau, je recherche plus la surprise que le confort d’une formule. Nous attendrons donc probablement quelques temps avant d’y retourner (mais nous y retournerons, ça c’est sûr!).

En passant, les propriétaires d’Europea, Jérome Ferrer et ses partenaires, sont en train de bâtir à Montréal un véritable empire de la gastronomie. Outre l’Europea, le groupe possède le bistrot Beaver Hall, sur la rue du même nom, son voisin le restaurant Andiamo, ainsi que l’Espace boutique (sic) Europea, dans le vieux Montréal (sur Notre-Dame, près de St-Laurent), qui fait aussi traiteur, notamment pour la clientèle corporative. Aussi, Europea offre des cours de cuisine (un forfait appelé « l’Atelier ») et un service de traiteur haut de gamme. Pour avoir essayé les boîtes à lunch de l’Espace boutique Europea et le Beaver Hall, je présume que la qualité est au rendez-vous dans tous les cas. Que des restaurateurs qui font dans la qualité aient aussi la bosse des affaires, voilà qui est tout à leur honneur dans une ville où les restaurants ont souvent la vie dure (et courte) compte tenu de l’abondance de l’offre.

Évaluation: ****½


Restaurant Europea, Menu découvertes de 5 services (et pleins d’extras) à 59,50 $ par personne avant vin, taxes et service.

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