mardi 29 novembre 2011

Bref éloge du comptoir


Il peut être long, il peut être court, il peut être droit ou en L. C’est le nombril du bistro. C’est le repère des habitués, des vieux couples, des gens seuls et des retardataires sans réservation. Qui s’assoit au comptoir, du haut de son tabouret, domine la salle et lui tourne le dos. Déjà, c’est un signe de supériorité. Car au comptoir, c’est autre chose. On y est davantage du côté du personnel que de celui des clients. S’installer au comptoir, c’est être aux premières loges du spectacle, c’est être presque sous les projecteurs. On peut y voir le barman à l’œuvre, tel un maître de piste, qui prend les commandes, prépare les cocktails, remplit les verres de bière. On s’y sent en connivence. D’ailleurs, c’est le barman lui-même qui prendra souvent votre commande. Il vous fera goûter un vin, vous lancera un clin d’œil complice en plaisantant avec les serveurs. Au comptoir, vous faites un peu partie du club. Malgré cela, s’y installer n’exclut pas d’y trouver un peu d’intimité. Les couples y sont assis un peu de biais, épaule contre épaule. Les gens seuls s’y sentent bien; ils échangent des bribes de conversations avec le barman ou restent dans leur bulle, selon leur humeur. Car au comptoir, bien qu’on soit au centre de cet univers si frénétique qu’est le bistro, on peut oublier la salle et se retrouver seul dans la foule, au milieu du brouhaha, les sens tournés vers les plats et le vin. Vers l’essentiel, quoi.

Sans comptoir, le bistro n’existe pas. C’est bien la preuve que s’il en est le nombril, il en est aussi le cœur.

(Note: La photo a été copiée du site du restaurant L'Express.)

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