. J'avais alors reçu une machine Nespresso en cadeau et je découvrais les joies de l'espresso allongé du matin de semaine qu'on boit à la maison, par opposition au gros café industriel acheté sur le chemin du bureau.
Depuis, bien de l'eau a coulé sous les ponts et bien du café dans les tasses. Ma machine, toujours en bon état, m'a rendu de fiers services. Malgré tout, il y a quelques mois j'ai décidé de passer à autre chose.
Peut-être cela pourra-t-il vous aider à faire vos propres choix? Voici le récit du processus ayant mené à l'acquisition de ma nouvelle machine. Je vous encourage aussi à jeter un œil
au test comparatif de machines à cafés que le magazine de consommation Protégez-vous a publié récemment.
Nespresso: post-mortem
Réglons d'abord le cas de ma machine Nespresso.
De plus en plus, les capsules (alias dosettes) ont la cote. Nespresso, Keurig, Tassimo: que ce soit pour préparer le café espresso, le café filtre, voire le thé ou la soupe (?!), le marteking est soutenu, on nous vante le côté pratique, en oubliant souvent la question pourtant cruciale du goût.
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Bientôt disponible: le boeuf bourguignon en capsule |
Après trois ans à utiliser Nespresso, j'ai décidé que j'en avais simplement assez. Pourquoi donc? En guise de réponse, voici une petite analyse des avantages et inconvénients du système selon mon expérience.
Les avantages:
- Coût raisonnable d'acquisition des machines d'entrée de gamme (200$).
- Rapide et propre: c'est comme avoir une distributrice à café à la maison.
Les inconvénients:
- Le prix des capsules: 68¢ à 72¢ l'unité, taxe et frais d'expédition en sus.
- Le résultat très moyen des capsules en format espresso allongé (alias lungo) de 110 ml. Le café est correct, mais un peu fade. Il manque d'arôme et la crema ressemble à de la mousse. L'espresso standard de 40 ml est mieux, mais plutôt chiche. J'ai finalement découvert qu'à mon goût, l'idéal est de faire un double espresso avec deux capsules, mais à 2 x 68¢ = 1,36$ (sans compter les taxes et frais d'expédition), ça commence à faire cher.
- Un système foncièrement peu respectueux de l'environnement: beaucoup de matériel et de déchets pour une petite tasse de café.
- Un enrobage marketing péteux de broue au goût douteux (le Nespresso Club, les grands crus, Penelope Cruz en robe de soirée qui minaude, etc.), comme j'en parlais dans mon billet sur le sujet.
Bref, j'en avais marre de faire venir des capsules à coup de commandes de 100$ et de boire des cafés ayant à peu près toujours le même goût. Exit les capsules, il était temps de revenir au vrai café, fait de grains fraîchement moulus.
Quelle est donc la machine à café idéale?
Comme pour n'importe quel achat, il n'y a pas d'absolu, pas de critères parfaitement objectifs, contrairement à ce que pourrait le laisser croire les magazines de consommation du genre Protégez-vous. Au-delà des considérations cartésiennes et techniques, chaque consommateur a ses besoins propres et ses préférences, y compris des choses totalement subjectives et n'ayant rien à voir avec une grille d'analyse. (J'ajouterais: …et c'est un gars au caractère hyper analytique qui vous le dit).
Après plusieurs semaines de recherche sur le Web, j'ai donc opté pour une machine manuelle. C'est tout un changement pour quelqu'un qui utilisait une machine à capsules, totalement automatique par définition, mais c'est également conséquent avec l'évolution de mes besoins.
D'accord, j'ai considéré un moment l'achat d'une machine automatique. Vous savez, ces machines comportant trois réservoirs, un pour l'eau, un pour les grains de café et un troisième pour le lait, et qui produisent des cafés de tous styles sur simple pression d'un bouton. Mes recherches m'ont permis conclure que ces machines ne sont pas pour moi: elles sont plus chères, plus grosses, leur mécanique de précision et leurs multiples fonctions impliquent qu'elles sont davantage sensibles aux bris. Elles sont aussi réputées requérir plus d'entretien et être moins durables.
Au bout du compte, ces recherches préliminaires m'auront permis de mieux préciser mes besoins. Voici les principaux critères qui ont ensuite guidé mon magasinage: la machine de mes rêves serait manuelle, robuste, petite (en hauteur et en espace sur le comptoir), pas trop chère (maximum environ 500$), sans gadget qui brisent, sans trop de plastique.
Recherches, blogues et fétichisme
Mes recherches sur le web m'ont permis de constater encore une fois que, peu importe le sujet, il y aura des passionnés qui se regrouperont sur le Web dans des forums et des blogues pour échanger sur leur sujet de prédilection, à discuter de trucs hyper-pointus, en faisant une fixation maniaque pour les détails les plus farfelus. Tout cela tourne carrément au fétichisme et baigne souvent dans une espèce de mythologie plus ou moins ésotérique.
Un exemple. Je m'adonne à la course à pied et je n'en reviens pas de tous ces articles de blogue sur des techniques d'hydratation complexes, la lubie de la course pieds nus, les discussions à n'en plus finir sur l'alimentation, la façon de poser le pied par terre lors de la foulée, etc. Des sujets tellement spécialisés qu'ils ne concernent même pas 99% des coureurs, y compris les marathoniens ordinaires (dont je ne fais même pas partie, ou en tout cas à moitié).
On constatera sans doute le même phénomène pour chaque sport, pour l'œnologie, pour les automobiles, la philatélie, le scrapbooking, et toutes ces activités auxquelles s'adonnent les humains dans leur temps libre et pouvant faire l'objet d'une passion. (Je me permets d'ajouter que les blogues de bouffe et autres repaires de
foodies ne font pas exception en matière d'exagération.)
Pour le café, les blogues de maniaques permettent de lire des pages et des pages d'analyses obsessives sur des sujets tels la température idéale du café, la finesse de la mouture, la qualité de l'outil qu'on utilise pour compresser le café dans le filtre, la pression appliquée à l'aide dudit machin, la densité et la couleur de la crema, etc. La communauté des
baristas amateurs ne manque pas d'imagination et, ajouterai-je, semble avoir pas mal de temps à perdre. Faisant le tri dans cette masse d'information, assimilant tout ça, j'en suis surtout venu à la conclusion que je ne me prendrais jamais pour un
barista et que mon besoin se limitait essentiellement à faire un bon petit café sans y mettre trop de temps et d'effort.
Cependant, au fil de mes lectures, je me rendis compte qu'une machine manuelle sortait du lot et se voyait régulièrement décernée par les amateurs le titre de machine à café mythique: la Rancilio Silvia. Il faudra bien que j'aille la voir, celle-là.
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Cette machine à café fait l'objet d'une véritable culte |
Magasinage
Une fois mes besoins de base définis – petite, manuelle, pas trop chère – et ayant la chance d'habiter Montréal, je me suis tourné vers trois détaillants spécialisés ayant pignon sur rue dans cette ville.
Comme par hasard (hum, hum), ces trois détaillants se trouvent dans la Petite Italie. Il y a sûrement d'autres bonnes boutiques à Montréal, mais voici celles que j'ai visitées:
Café Union,
Espresso Mali,
Faema.
Ces visites m'ont permis de voir et toucher les appareils et de demander conseil aux vendeurs. C'est à cette étape que l'analyse objective se complète d'un aspect subjectif et personnel (design, qualité et solidité apparente, ergonomie, avis du vendeur, etc.) qui est à mon avis essentiel dans tout achat.
J'ai vaguement hésité à me procurer la fameuse Rancilio Silvia, motivé par les critiques dithyrambique et l'espèce de culte qu'on lui voue sur les blogues spécialisés, mais me suis vite raisonné. Selon mes besoins, cette machine s'avérait un peu trop chère, un peu trop grosse, réputée pour prendre pas mal de temps à se réchauffer et difficile à maîtriser.
Mon choix s'est donc porté sur la Quick Mill 0820, modèle d'entrée de gamme de la marque (italienne malgré son nom anglais), qui propose aussi une gamme de machines commerciales. J'aime bien son look rétro des années 70, qui a fière allure sur mon comptoir de cuisine.
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J'ai finalement jeté mon dévolu sur ce petit bolide |
Conclusion
J'en conviens, j'ai payé cher pour une machine à la mécanique somme toute assez simple et à la carrosserie faite en partie en plastique. En général, les machines à café me semblent plutôt coûteuses pour ce qu'elles sont : une pompe, un chauffe-eau et de l'enrobage. Je n'ose même pas imaginer la marge de profit que se gardent ces détaillants spécialisés de la Petite Italie. Mais j'ai à peine dépassé mon budget et après quelques mois d'utilisation, je ne suis pas déçu de mon achat. Combiné à mon vieux moulin à meule Braun, que j'utilise à la position de mouture la plus fine, j'obtiens des doubles espressos pas mal du tout, à la crema très correcte et sans trop de taponnage.
Cette aventure de magasinage m'aura permis de découvrir que si jamais je veux devenir ceinture noire en café, il existe des dizaines de blogues pleins de Ti-Jos-Connaissants qui ne demandent pas mieux de partager leur science. En attendant, j'apprécie ma dose quotidienne et matinale d'espresso frais. Bon débarras, Nespresso!
[Note: toutes les images ont été piquées ici ou là dans le Web...]